Dans la numérologie hébraïque, les chiffres renvoient en réalité à des lettres, dans l'ordre alphabétique. Ainsi par exemple, 1 renvoie à la lettre Aleph ; 2 renvoie à la lettre Beth, etc. Pour connaître le sens d'un chiffre, il est nécessaire de remonter à la lettre correspondante. La numérologie est une interprétation du rang, du sens et de la forme des lettres de l'alphabet.
La "combinaison des lettres" (hôkhmat ha-zeruf), particulièrement développée par Abraham Aboulafia à la fin du XIII° s., considère que "chacune des lettres est un nom en soi" (Eléazar de Worms). Le procédé numérologique s'appelle gematria, guematria. Depuis sans doute l'exil de Babylone, certains mystiques expliquent un mot ou un groupe de mots à partir de la valeur numérique de ses lettres, et en comparant à un autre mot de même valeur. Alef = 1, dalet = 4, etc. Selon Gikatella (XIV° s.), le mot Echad, "Un", équivaut au mot Ahabah, "Amour" : 1 + 8 + 4 = 13, et 1 + 5 + 2 + 5 = 13. "La guematria de l'expression, très utilisée dans le Talmud, Moche Rabbénou (Moïse notre maître) est 613, soit justement le nombre des enseignements que Moïse a transmis au peuple juif. (...) La guematria du mot 'Emet' (vérité) est 441, soit 4 + 4 + 1 = 9, qui est la même que celle de 'Lev' (moi ou Dieu ou amour) (= 36 = 3 + 6 = 9).[1] Il y a correspondance entre lettre et nombre, et identification.